Aux scouts du groupe Saint-Jean
Le feu mourait…
La mélodie du soir prolonge les chants et les prières. Les tentes s’éclairent du halo jaunâtre des lanternes et l’on entend les rires étouffés des scouts qui se glissent dans leurs sacs de couchage.
Au milieu de la clairière solitaire, mais non pas abandonnée, le feu préside en silence à la conversation des choses. Dans le désordre laissé sur la mousse, la vie du camp se continue pendant le repos des patrouilles.
Là, tout près, un chapeau où brille la croix d’émail neuve, coiffe un long bâton, grêle silhouette dans la futaie. Un rayon dur de la lune éclaire en plein la charrette immobile, en paix après les fatigues de l’étape. Suspendue au brancard par son lacet de cuir, la corne du chef est toute bruissante encore des appels de la journée. Sur l’herbe, humide de rosée, un foulard oublié après quelque chaude lutte, voisine avec la lanterne des Abeilles. Le livre de méditations, ouvert à la page de demain, attend que le petit jour rassemble les chefs de patrouille autour de l’aumônier. au bout de sa drisse de chanvre, le drapeau roulé pour la nuit se balance mélodiquement…
Editions Spes – 1935