Où l’auteur s’éccuse et plaide sa propre cause…
On pourrait dire que ce roman est un conte, si le récit n’en était de si longue haleine. Mais ce serait ergoter sur des mots et, chers lecteurs, ce n’est pas ce que vous attendez. Aux contes de fée, nous avons pris le côté merveilleux, dont nous ne pouvions nous passer, et nous l’avons condensé, pour faciliter notre tâche, en un personnage : l’Enchanteur Sylvain. Ceci n’est sans doute pas pour déplaire aux plus jeunes d’entre vous qui, si nous en croyons notre expérience, sonte encore à l’âge où l’on a le courage de ses opinions et où l’on sne refusa pas avec dédain tout ce qui fit les délices d’un autre temps.
“Un Enchanteur ? diront les Scouts de seize ans, c’est bon pour les Louveteaux !”
Ne leur en déplaise, c’est aussi notre avis. Mais, ce qui est bon pour les Louveteaux peut aussi l’être pour vous, grands amis lecteurs, Scouts… ou Routiers. Vous ne refusez pas, nous semble-t-il, à votre vie ardente, aventure même la large part de l’enchantement des choses de la nature, dont vous remerciez Dieu. Si donc – dirait notre maître Henri Ghéon – vous admettez l’enchantement (et nul ne peut le nier, même le dernier des rustres), nous refuserez-vous le droit d’en montrer l’enchanteur. Sous le nom de Sylvain, le tout puissant génie de la forêt, il vous est loisible d’évoquer la Providence, et cela, soyez-en sûrs, ne contrarie en rien l’intention de l’auteur.
Voici donc : l’Aventure du Roi de Torla, telle se déroula dans un pays inconnu, au mystérieux carrefour du passé et de l’avenir, au temps des enchanteurs et des Scouts.
J. de Gigord – 1947