La Guerre de 1914-1918 est assurément la plus terrible épreuve qu’ait eu à subir le peuple français. Un million et demi de ses enfants, parmi les plus jeunes, les plus valeureux et les plus prometteurs, y laissèrent leur vie et plusieurs millions d’autres restèrent à jamais marqués, dans leur chair comme dans leur âme, par ce conflit hors du commun.
Ces soldats, qu’on allait appeler les “Poilus”, car dans les tranchées envahies par la boue et les immondices, il n’était plus question de se raser ou même de se laver, vécurent quatre lingues années – cinquante et un mois pour être précis – dans des conditions qu’il nous est impossible de concevoir, guettés à tout instant par la mort et dans une misère physique presque totale. Des sommets de souffrance comme d’héroïsme furent quotidiennement atteints.
Et cependant, ils chantaient ! La France entière chantait, dans l’enlisante boue des Flandres comme sur la scène des cabarets parisiens, dans l’enfer de Verdun comme dans les rues de Montmartre et de Belleville. Méconnaissables sous les casques cabossés, les “Poilus” étaient quand même les enfants de cette “Belle Epoque”, si dure aux miséreux mais si prompte, en même temps, à laisser éclater sa gaieté et à entonner au moindre prétexte chansons d’antan et refrains à la mode. Ils avaient été élevés à l’école dedu caf’conc’, où, pou le prix d’un bock de bière, on pouvait entendre Mayol, Dranem, Yvette Guilbert, Bach et le jeune Maurice Chevalier, et si célèvbres qu’ils fussent, leur envoyer les soucoupes à la tête s’ils ne donnaient pas satisfaction. Ils s’étaient souvent attardés à écouter les chanteurs des trottoirs, reprenant les ritournelles et alalnt parfois jusqu’à acheter les partitions – la “musique”, comme on disait alors – que vendaient les camelots.
Lorsqu’éclata la guerre, au début août 1914, revinrent otout naturellement, sur les lèvres de tous , les chansons politiuqes de l’après-1870, pleurant l’Alsace-Lorraine perdue et exaltant l’idée de la revanche. Puis d’autres refrains vinrent les rejoindre, directement inspirés par le conflit en cours, goguenards ou tragiques, amers ou triomphants, venus d’artistes en vogue ou montés spontanément des tranchées.
En les écoutant maintenant, retrouvés et reconstitués, on ne peut que penser, le coeur serré, à ces millions de combattants qui n’étaient qu’humains mais, dans la plus atroce des épreuves, surent se montrer souvent humains.
Mesurons leur sacrifice et ne les oublions jamais. Ils étaient le meilleur de notre peuple et ils sont morts pour que nous vivions.
Jean Bourdier
Journaliste, écrivain, ancien Chasseur d’Afrique
1. La Madelon
2. L’enfant de Strasbourg
3. Alsace-Lorraine
4. Ce que c’est qu’un drapeau
5. Les godillots
6. A la France, donnons des ailes
7. En avant, les p’tits gars
8. Rosalie
9. Vive le pinard
10. Viens poupoule
11. Boire un petit coup
12. Un jambon de Mayence
13. Père la Vistoire
14. Encore un p’tit verre de vin
15. Le bouquet d’Ypres
16. La marche lorraine
17. Auprès de ma blonde
18. Sambre et Meuse
19. Argonnerwald (allemand)
20. It’s a long way to Tipperary (anglais)
21. Le bois Leprêtre
22. Fort de Vaux
23. Verdun, on ne passe pas
24. La chanson de Craonne
25. Choisis Lison
26. Tu le r’verras Paname
27. Quand on vient en permission
28. Marche de Preobrajenski (russe)
29. Private Perks (américain)
30. Ayez pitié, Seigneur, de ceux qui ne sont plus
31. Aux morts
32. La Madelon de la Victoire.
Avec un livret explicatif des chants, accompagnés de nombreuses photos.
Choeur Montjoie Saint Denis – CD 2007