La banlieu, les blocs de verre et de béton, la fièvre de l’existence moderne, son vide aussi : voilà rapidement planté le décor aux dimensions écrasantes dans lequel évoluent des personnages qui sont d’authentiques “enfants du siècle”. Paul, d’abord, jeune ouvrier façonné par l’expérience, les expériences, et qui est avide de découvrir, d’agir, de vivre. Daniel, ensuite, hors-la-loi par bravade, par rancoeur, par démission. La bande enfin, tyrannique, idolâtrant la violence aussi bien que l’amitié, et dont la présence pèse comme l’action d’une drogue sur le comportement des protagonistes.
Sur cette trame simple comme un fait divers, l’auteur fait surgir des êtres à la fois féroces, sensibles, blasés, éveillés, contradictoires, plus simplement des êtres humains aux prises avec la société, anonyme lorsqu’elle n’est pas hostile, aux prises avec eux-mêmes, et qui cherchent leur voie parmi les pierres et les épines.
L’auteur ne tire pas de conclusion : la vie continue. On ignore si les héros feront des saints ou des proscrits. Mais tout au long d’un récit qui subit volontairement toutes les influences de la publicité, de l’image, des idées folles qui courent les rues, les personnages deviennent un peu plus des hommes.
Illustrations de Pierre Joubert
Rubans noirs n°47 – Alsatia