Le 21 septembre, la Convention, au cours de sa première séance, décrète l’abolition de la royauté et, du même coup, proclame la République sans délibération. Louis XVI de Bourbon s’appelle désormais Louis Capet. Quatre mois plus tard, le 21 janvier 1793, sa tête roule dans le panier. Durant les cent vingt jours qui précèdent sa condamnation à mort, le prisonnier du Temple, privé de toutes ses dignités, descend les degrés de la déchéance matérielle. Ses gardiens ont ordre de confisquer plumes, crayons, papier, puis, après son épée, on retire à Louis couteaux, ciseaux et rasoirs de peut qu’il attente à ses jours. La vie du prisonnier n’est plus considérée que sous l’aspect des fonctions physiologiques. L’ “individu royal” reprend pied en s’attachant à sa famille : sa femme, ses deux enfants de sept et quatorze anas, sa soeur, Madame Elisabeth. Il veut se sacrifier pour eux. En même temps, Louis accepte que la royauté, qui a eu ses heures de gloire, vive avec lui son heure de douleur. Il s’installe dans cette catastrophe, comme si elle était un évènement banal de la vie transitoire et attend la mort en croyant à sa résurrection. Son pire ennemi, Robespierrre, croit, lui, en un Etre qui veille “d’une manière particulière sur la Révolution française”.
Religion du ciel ou religiion de l’Histoire conduite par la Raison ? La mort de Louis XVI a divisé l’opinion française jusqu’à la guerre de 1914, entre ceux qui ont refusé la destruction de Dieu et du Roi et ceux qui ont cru à la divinisation de l’homme par la constitution de la société civile.
Au cours de la cette crise de cent vingt jours, Pierre Sipriot s’est attaché à montrer la transformation complète de la famille royale et aussi de la Convention. Sortie de l’émeute du 10 août, l’Assemblée a voulu rationaliser, par un procès dans les règles, un courant irrationnel, alors qu’elle était en réalité entraînée par lui.
Plon – 1992 – 238 pp.
Bon état général