Partout autour de nous on parle de ce moment de perfection et de force morale.
Les élites se forment pour se lancer résolument à la recherche de la perfection ; elles prétendent ensuite atteindre la société par l’ascendant de la force morale.
Ce langage est abstrait ; la vérité qu’il énonce, beaucoup seraient heureux de l’avoir réalisé d’une façon concrète, je dis plus simplement, de la voir vivre sous leurs yeux.
J’ai eu pour ma part le rare bonheur de rencontrer, il y aura bientôt un demi-siècle, un prêtre épris de perfection, de devenir le témoin le confident de sa vie pendant 12 ans, et de suivre, depuis sa mort, le sillage des fondations qu’il a laissées. Et je puis maintenant, à l’aide de ses confidences, de ses notes intimes, de sa correspondance et de ses ouvrages, établir le rapport qui existe entre ses œuvres puissantes et le mouvement de sa pensée et de sa volonté.
Je désire dans ce livre faire participer mes lecteurs au spectacle merveilleux qui s’est ainsi déroulé sous mon regard.
Henri Chaumont est issu d’une famille très simple ; il reçut des dons d’intelligence et de cœur dans la même mesure que beaucoup parmi ses contemporains, mais tout jeune il entrevit un idéal, et c’est idéal, ne s’accorde ni cesse ni relâche jusqu’à ce qu’il eût atteint ; il travailla courageusement pour le communiquer à d’autres. Il mourut à 57 ans, se plaignant seulement de n’avoir pas eu le temps d’achever son œuvre.
Pourtant, depuis 34 ans qu’il a quitté ce monde, ses fondations se sont maintenues et se sont développées : elles ont atteint les hommes par milliers et son œuvre s’élargissant chaque jour. La preuve de sa puissance est faite, on la voit, on la touche. Tout l’intérêt maintenant est de remonter à la source, de rechercher quelle a été l’idéal de Monsieur Chaumont et par quels moyens il l’a atteint.
Son idéal fut le sacerdoce, qui se montra tout de suite à lui dans la plénitude de sa grandeur et de sa beauté. Monsieur Chaumont une énergie de le poursuivre tel qu’il lui apparaissait : la grâce divine l’aida à préserver dans une tache dépassant la mesure ordinaire des courages humains. Quand ils gravit ses hauteurs, il eut une vraie révélation de la valeur des âmes pour lequel le Verbe incarné s’est livré jusqu’à la mort, et il travailla jusqu’à l’épuisement de ses forces allait conquérir et à les sauver. Il acquit bientôt une expérience peu commune et du admiré lui-même les résultats obtenus. Il le fit sans sortir de l’humilité, sachant que cela est œuvre divine : Soli Deo honor et gloria.
Enfin, possédant tout son surnaturel secret, il songe à le passer à d’autres prêtres. Ici encore, Dieu le prit par la main et le conduisit.
Voici sept ans que sa cause est examinée à la curie épiscopale de Paris : on n’y clôt le 28 mars 1930 le procès diocésain concernant sa vie et ses vertus. Un des résultats de cette procédure a été de nous livrer toutes lames de Monsieur Chaumont.
C’est pourquoi aujourd’hui je puis le montrer dans ce livre non seulement aux prêtres, mais à tout ce qu’un tel spectacle intéresse est en première ligne à la famille spirituelle du chanoine.
Je le répète, si j’ai étudié sa belle figure selon le sacerdotal, c’est pour être certain de n’en perdre aucun détail et de la mettre sous les yeux dans toute sa valeur.
Puissé-je avoir réussi et n’avoir pas diminué le prêtre qui se montre si grand par sa simplicité et dans le zèle sacerdotal exprimé par sa devise favorite : Impendam et superimpendar pro animabus vestris.
Henri Debout
La Bonne Presse – 1930