Qui pourrait se flatter d’avoir mieux connu Pie XII que le professeur Riccardo Galeazzi-Lisi ? Romain comme lui, il devint son médecin privé alors que le cardinal Pacelli était secrétaire d’État de Pie XI ; il le resta quand le cardinal fut élevé au pontificat jusqu’à la mort de Pie XII. 30 ans de dévouement, 30 ans d’intimité, pendant lesquelles le professeur voyait presque quotidiennement le Pape, le suivait comme son ombre, attaché à l’auguste personne du Souverain Pontife, dans toutes les cérémonies, dans toutes les audiences, au Vatican comme à Castelgandolfo. Une telle familiarité, avec ce qu’elle apportait de confiance, de liberté dans les propos, dans les réflexions et les confidences ont permis au médecin, à “l’archiâtre” de Sa Sainteté, d’accumuler les observations tant sur le Saint-Père en personne que sur son pontificat et sur l’existence vaticane. Elle forme la matière d’un livre unique sur un très grand sujet.
Ce livre montre les étapes d’une belle existence toujours mue par la foi et le zèle à servir l’Eglise. Nous suivons Eugène Pacelli minutante à la Secrétairie d’Etat, nonce apostolique à Munich et à Berlin, légat du pape, secrétaire d’État et collaborateur intime de Pie XI, auquel, en dépit de la tradition, il succédera sur le trône de Saint-Pierre. Les principaux actes de son pontificat nous sont évoqués, pendant la guerre et dans la reconstruction de la Paix ou il déploya d’inlassables efforts. Parallèlement, on suit son œuvre spirituelle, si active et si féconde, quand ses encycliques et dans ses discours, et dans les grandes manifestations religieuses qu’a connues son règne : l’Année Sainte, l’Année Mariale, le dogme de l’Assomption, et nombre de proclamations de bienheureux et de saints.
Mais, à travers le Pontife, nous connaissons aussi l’homme, dans sa vie quotidienne, dans sa journée si remplie, en sa personnalité si diverse, austère et souriante, mystique et empreinte des cette bonhomie romaine où le bon sens s’unit à la grandeur. Nous le voyons se partager entre un labeur écrasant et des audiences épuisantes, jusqu’à y brûler sa santé, à y consumer sa vie. Et c’est alors la longue lutte avec la mort, c’était un peu dramatique que le monde suivant avec émotion, et que l’archiâtre a vécues, souffertes même, peut-on dire, avec son illustre malade.
Un grand témoignage, plein de sagacité, de ferveur et d’émotion.
Flammarion – 1960