Introduction de Lewis Stanton Palen
Ferdinand Ossendowski nous raconte ici ses souvenirs de la guerre russe aux abonnés et de son emprisonnement dans les geôles du tsar après l’échec de la révolution de 1905. Le récit qui nous fait de la vie des prisons russes en Extrême-Orient, et qui nous offre des révélations si curieuses sur le régime et la mentalité des détenus, lui avait valu de nouvelles persécutions de la part du perdant impérial quand il en publia certains épisodes dans l’ouvrage auquel il fait allusion à l’avant-dernier chapitre. Le volume fut saisi par la police et les poursuites engagées contre l’auteur monastère un moment de le renvoyer derrière les murailles dont il avait décrit ici dramatiquement la sombre horreur.
Mais une seconde édition parut bientôt après sous un titre légèrement différent et un exemplaire en fut placé sur le pupitre de chacun des membres de la Douma le jour même de la publication. Les représentants du peuple russe furent si émus par ce récit qu’ils forcèrent la main au gouvernement exigèrent des réformes. Les prisonniers endurcis furent désormais séparés des autres ; on fournit du travail aux détenus, on installa des bibliothèques, en organisant des conférences. Les autorités supérieures assistèrent sur la nécessité de veiller au relèvement moral des prisonniers.
Ces résultats significatifs ne furent pas pour l’auteur la seule récompense de ses efforts en faveur des misérables qu’il avait laissés derrière lui dans les cachots. Il eut la satisfaction singulière de recevoir un message dans lequel des prisonniers lui exprimaient toute leur reconnaissance. À ces milliers de signatures s’étaient conjointes celle de deux éminents écrivains : W. Korolendo et Léon Tolstoï.
Librairie Plon – 1926