Assi Nous
L’édition de ce livre fut interrompue en 1914, par la guerre.
Maintenant que le pays n’est plus que l’ombre de ce qu’il était, je considère avec regret que ceux qui me comprendront pourraient tenir ensemble sur le dernier “cadot des vieux” (banc pratiqué dans l’épaisseur des anciennes cheminées.
Le Livre de Suippes ne visait qu’à l’unique gloire de siéger à sa place sur “la planche aux affutiaux” où trônaient, à portée de main, après la Vierge de Lourdes ornée de buis bénit, le bougeoir, le réveille-matin, les simples allumettes, voire un blonde pomme de pin rapportée de Puvilaine ou de Rombroie, entre le très vénérable paroissien et le débonnaire livre de cuisine…
Cet ouvrage qui voulait consigner les “agis” d’une bourgade solide, avec les bâtisses robustes et ses bois largement étalés, se trouva par hasard… ou par inconsciente destinée… éclore à la fin d’une ère… et n’est plus en sorte qu’une plaque commémorative du passé. Car Suippes, entré en 1914 dans les hostilités, présent à toutes les mémoires par les interminables honneur du communiqué officiel, surgit si différent de son calme visage, que je n’éxagère point en disant qu’il fournirait matière à plusieurs volumes aussi abondants…
Que Suippes, envahi par les Allemands le 3 septembre 1914, et occupé jusqu’au 13 septembre, eut ses filatures systématiquement pillées, ses maisons incendiées au pétrole dans sa plus grande longueur, depuis la gare jusqu’au bout de la rue Saint-Martin ; son clocher également brûler après avoir été bourré de pailles.
Qu’il fut repris par 4e Armée du Général Langle de Cary et sauvé par les chasseurs cyclistes de la 6e Division de Cavalerie qui éteignirent le feu et disputèrent pied à pied le pavé de ses rues…
Illustrations de E. Dufour, Mahias, Sylvain Sauvage, Portail, Ch.-A. Gueldry et Geneviève Dévignes
Ex Libris de André Procureur en deuxième de couverture
Pierre Brosset et georges Leroux – 1924