Charles Maurras, journaliste et homme politique, fondateur de l´Action Française, mort à 84 ans, a passé un dixième de sa vie dans les geôles de deux Républiques, pour ses idées et ses écrits. Quand la politique s´en mêle, le pire est toujours à craindre dans les prétoires.
Charles Maurras avait trop connaissance de l´histoire, et trop de philosophie, pour s´étonner d´une telle rigueur. Il savait combien les passions politiques et littéraires, quand on les blesse ou les contredit, peuvent ajouter “la férocité naturelle de l´homme”.
Pas plus que la mort, la prison ne l´effrayait. Dans le silence celle-ci, qui doublait le silence de sa propre surdité, il écoutait mieux sa “musique intérieure” et débarrassé des contraintes quotidiennes du journalisme et de la politique, il y trouvait le loisir mieux rassembler l´essentiel de son œuvre et de sa pensée.
Cependant, Charles Maurras n´a jamais désiré la prison. D´abord parce que, comme tout homme, il était vivement attaché à sa liberté Mais surtout parce qu´il tenait à “l´honneur de ses idées”, et qu´une condamnation injuste révoltait profondément, lui qui se faisait une si haute idée de la justice dans la vie sociale.
Pour connaître et comprendre “Maurras en justice”, ce livre qui se lit comme un rom propose de le suivre d´écrit en écrit, de prétoire en prétoire, du palais de Paris au palais Lyon, dans ses diverses aventures judiciaires puis dans ses prisons, où il eut le temps d´examiner la justice, mais aussi de s´examiner lui-même face à la mort et à Dieu. Car comme il se plaisait à dire : “L´épreuve fortifie, le sacrifice régénère”.
Georges-Paul Wagner, avocat honoraire, ancien membre du Conseil de l’Ordre, ancien député, écrivain et mémorialiste (D’un Palais l’autre, 2000 ; L’Entre-trois-guerres, 2001), est un spécialiste de Maurras et de l’histoire de l’Action française.
Clovis – 2002