… Souvent, en conduisant, j’imagine une vallée dans laquelle serait rassemblée la foule des bêtes dont je me suis occupé.
Des chevaux et des vaches,
des moutons et des porcs,
des lapins et des poules,
des chiens et des chats, par milliers.
Un tigre, un zèbre, une dizaine de singes, un couple de kangourous, quelques furets, quelques visons, deux ou trois perroquets…
… Et j’aime penser (tout n’est-il pas permis quand on rêve ?) que les clameurs de gratitude l’emporteraient sur quelques hurlements de reproche…
Se consacrer aux animaux, n’est-ce pas une vocation un peu ridicule ? J’aimerais qu’on lui reconnaisse quelque noblesse, parce que , dans un monde égoïste, elle est généreuse ; parce que, dans un monde très utilitaire, elle paraît assez futile ; parce que les hommes deviennent des diables et que les animaux demeurent les derniers témoins du Paradis Terrestre.
Crépin Leblond et Cie – 1961