La légendaire jeunesse d’un Vieux Clergé
Celui qui écrit ces lignes n’a pas dû être le seul à ouvrir de grands yeux, lorsqu’en 1928, commencèrent à paraître, dans “Les Semeurs d’Evangile”, des souvenirs sur le Petit Séminaire de Cambrai, modestement signés H.C.
Il y avait dans ces pages, une richesse de souvenirs qui faisait penser aux grands lointains peintres de la vie ; des impressions lointaines et fugaces, par milliers, avaient été saisies par une conscience qui ne laissait rien perdre ; à mesure qu’on lisait on était reconnaissant au mystérieux H.C. d’avoir consacré une partie évidemment considérable de sa vie intérieure à maintenir en lui, dans leur fraîcheur, ce qui, pour des lecteurs comme moi, n’était plus que les fleurs d’herbier, des souvenirs de souvenirs.
Et l’auteur était un écrivain. Sans prétentions littéraires, sans attention apparente à ce qu’on appelle le style, il avait pourtant l’art de faire sortir des mots simples le maximum de ce qu’ils peuvent dire. On voyait qu’il en connaissait la couleur et les résonnances, et je me souviens d’avoir songé souvent, à mesure que les chapitres se succédaient : pourvu que cet étonnant H.C. ne s’avise pas qu’il écrit ! pourvu que sa conscience littéraire reste primesautière, native et naïve !
Cependant, c’est alors que, ayant fait une enquête dans le Nord pour savoir qui les initiales H.C. pouvaient cacher, j’écrivis à M. Henri Crépin ma reconnaissance du plaisir que ses souvenirs me donnaient.
Chanoine Ernest Dimnet, en préface
Librairie de l’Oeuvre de Saint Charles – 1938