Entre les noms que chacun salue, il faut écrire d’abord celui de Sacha Guitry, ce Molière du XXe siècle, dont la gloire classique illuminera les générations futures, dont l’oeuvre, loin de passer comme celle d’Augier, de Dumas, de tant d’autres acquerra d’âge en âge, une force nouvelle et de plus large succès.
Quelles oeuvres poignantes, d’un accent humain et véridique où le coeur mis à nu palpite à la lumière implacable de la Vérité ! Jean de la Fontaine, Deburau, sont à coup sût, les plus beaux drames qui aient illustrés la scène française. Et je ne trouve à nommer auprès de leur auteur que Becque et Porto-Riche, ces cruels témoins de la société contemporaine.
La plus grande originalité de Sacha Guitry sera peut-être d’avoir échafaudé son oeuvre entière sur sa propre vie. Il s’est, en elle, confessé comme Jean-Jacques ou Montaigne. Il a trouvé dans sa joie ou sa propre douleur un microcosme où se reflète en aspect infinis l’homme de tous les temps et de tous les univers…
(Laurent Tailhade)
L’Elan – 1947