Le titre sous lequel nous publions cette confession angoissante figure, écrit de la main de l’auteur, sur le manuscrit qu’il a laissé après sa mort, survenue, comme on sait, en Belgique, où ils est glorieusement tombé à l’ennemi.
Nul autre que lui n’aurait pu choisir un titre plus approprié au sujet. Ces pages sont un log cri de détresse jusqu’au moment où le jeune Africain, le petit-fils d’Ernest Renan, s’apaise enfin dans la foi catholique. L’intérêt hors pair de cet ouvrage, c’est qu’il se concevait et s’exécutait au fur et à mesure qu’Ernest Psichari se convertissait. Une fois converti, pour plus de modestie, pour plus d’humilité, il se dissimula sous le nom impersonnel de Maxence dans son Voyage du Centurion, désormais classique. En réalité, il avait essayé, dans ce Voyage, de refondre les Voix qui crient dans le Désert. Mais incapable de se répéter, il tira des richesses de son fond une oeuvre tout différente et qui, d’ailleurs, resta inachevée, telle qu’elle fut publiée en 1915.
L’oeuvre, au contraire, que l’on va lire – et qui a eu l’honneur de paraître dans le Correspondant, du 25 novembre 1919 au 25 janvier 1920 – est le récit complet de la conversion d’Ernest Psichari. Comme nous l’avons marqué, les Voix qui crient dans le Désert sont une confession ; le Centurion est un roman. C’est un roman plutôt contemplatif, tandis qu’ici l’action militaire, l’évènement matériel, le voyage proprement dit se mêlent sans cesse à la contemplation. On a de la sorte tout un drame mouvementé, haut et poignant, où éclate un des plus beaux cris religieux qu’on ait pu recueillir d’un coeur humain.
Préface du Général Ch. Mangin
Paris – Louis Conard Editeur – 1945