Faut-il l’avouer ? En cherchant saint Vincent de Paul à travers son temps, je craignais de rencontrer la figure sans doute bienveillante, mais un peu pâle , de la philanthropie traditionnelle. Il était de ces respectables personnages, statufiés depuis longtemps dans les plis de leur légende, à qui l’on dévoue les hommages distraits d’une vénération exempte de curiosité. Une forme grise, à demi effacée par l’éclat d’un siècle de marbre et d’or, où les trompettes de la renommée n’arrêtaient pas de sonner l’avènement d’un nouveau génie, d’une nouvelle gloire “des arts, des armes et des lois”.
Prenant le bâton du pèlerin avec ces pensées lamentables, je suis allée, pour ma plus grande joie, de surprise en surprise…
André Frossard
Bloud et Gay – 1960