L’acceuil fait par les jeunes catholiques de France à mon premier receuil de chansons “Jeunesse”, m’incite à publier un second volume, que j’appelle “Chansons de Grand Vent”.
J’ai choisi ce titre, d’abord parce que j’ai composé la plupart des ces oeuvrettes sur la route, en les cadençant à la mesure de mon pas, ou la nuit, dans les wagons de chemins de fer, devant la fenêtre ouvrete, au souffle dur de la nuit traversée ; ensuite parce que je voudrais qu’elle possèdent la puissance du vent qui vient du large ou de la montagne. Il balaie le sol, il renouvelle l’atmosphère, il secoue les arbres et fait tomber les fruits aux pieds du voyageur. Il réveille et inquiète ceux qui dorment dans les chambres closes ; il rend à chaque être, de la plante à l’homme, la conscience de sa force, tendue par la résistance. La parole du grand vent, c’est le gémissement d’une âme en peine ou le fracas de l’énergie qui se déploie. C’est, je l’espère, ce qu’on trouvera dans ce livre : des cris d’hommes, des berceuses et des cantilènes de pitié, la douce musique de l’amour, le hourra farouche de l’aventure.
Editions Jean-Renard – Paris – 1941