On sait que les veneurs usent d’un vocabulaire spécial, riche et précis, mais dont la richesse et la précision mêmes, faute d’une initiation suffisante, risquent de déconcerter les “profanes”.
On trouvera, dans les pages de ce livre, quelques-uns de ces termes spéciaux : c’est qu’alors le vocabulaire courant ne nous en offrait point d’équivalents exacts. Aussi bien leur saveur est-elle vive, leur aloi franc ; ce que nous croyons que d’autres part l’atmosphère et les épisodes du récit les rendront intelligilibles.
Les veneurs, en revanche, voudront bien nous pardonner d’en avoir évité l’abus. Si nous avons parlé, par exemple, du derrière blanc d’un chevreuil, ce n’est point par coupable ignorance. Nous savions qu’en vénerie cette tache blanche s’appelle la serviette ; mais nous avons préféré l’oublier.
Il y a pis. Si nous avons partout substitué le terme de cor de chasse à celui de trompe de chasse, ce n’est point par malignité hérétique. Nous savions que cor de chasse était désuet, proscrit et “ridicule”. Mais nous avons pensé que les proscripteurs avaient tort, contre la tradition, l’usage, l’équilibre et la musique des mots ; et nous avons écrit, et nous maintenons avec une respectueuse fermeté, au besoin à cor et à cris : cor de chasse.
Flammarion – 1938
Etat d’usage