1914 – 1915
In memoriam
Une génération sacrifiée
Impressions de guerre
La mort du commandant (Lettre de Paul Drouot à Maurice Barrès)
Les hasards de cette guerre nous avaient réunis : de notre amitié qui s’était déjà donné d’uniques temoignages, ils avaient fait un sentiment fraternel et sacré.
Au début de la mobilisation, j’avais retrouvé Paul Drouot dans un dépôt près de Langres. En de tels instants, quel réconfort qu’un tel ami ! Je savais déjà la noblesse, la qulité de sa nature ; je savais comme elle se portait d’instinct vers toutes les grandeurs et qu’elle n’aimait, dans les oeuvres de l’esprit humain, que les plus fortes, les plus héroïques, les plus religieuses. Drouot allait à tout ce qui est éternel, à tout de qui peut manifester le divin. Guidé par des maîtres difficiles, il avait assemblé les plus hauts poèmes de l’humanité. Mais sied-il de parler de littérature ? Pourtant, c’était là qu’il s’était composé cette vision héroïque, ardente, de la vie et de l’homme, que le catholicisme retrouvé avait redressé, et qui vient de donner un témoignage si absolu de sinjcérité…
… Je n’oublierai jamais nos prières du soir dans ce grenier où, pendant trois mois, nous couchâmes sur de la paille ; et surtout cette messe que nous fîmes dire, à Hûmes, pour Péguy et pour Psichari et où nous communiâmes côte à côte.
Puis nous partîmes, après ces mois obscurs et pénibles, avec le 3e chasseurs pour le secteur d’Arras…
Georges Crès et Cie – Collection “Bellum” – Paris – 1916