Poème anonyme daté du 2 septembre 1795 réédité avec des notes historiques et biographiques
Le curieux petit poème que nous réimprimons aujourd’hui est l’un des monuments les plus rares de l’Histoire Lorientaise pendant la Révolutio. Je n’en connais qu’un seul exemplaire, imprimé sans lieu, ni date, mais probablement à Lorient, peu après le 9 thermidor. Au bas de la dédicace, on lit pour indication : 2 septembre 1795.
Est-ce une date réelle ou supposée ?…
Je ne saurais le dire, mais ce que je puis affirmer, c’est que l’auteur a bien connu tous les personnages dont il cite les hauts faits pendant la Terreur, car les renseignements biographique qu’il donne à leur sujet correspondent exactement avec ceux qu’on peut découvrir d’autre part : plusieurs sont absolument typiques et ne se rencontrent que là, ce qui constitue une mine fort précieuse de documents locaux. Le poème étant issu du mouvement de réaction thermidorienne, l’auteur n’est pas tendre pour les Montagnards et il entre volontiers dans des détails de moeurs ou dans des expressions de langage qui sont en honneur aujourd’hui chez les écrivains de l’école dite réaliste : les dialogues des tricoteuses et leurs disputes sont dignes des scènes de l’Assomoir ; les exploits des terroristes sont relatés avec une complaisance qu’aucun trait ne rebute : tout est saisi sur le vif et les tableaux sont peints d’après nature.
Par quelle main ? J’imagine que Briote, de Ploemeur, n’y a pas été étranger ; il versifiait à ses heures et la dédicace Aucher P**** pourrait bien être adressée au célèbre Pons Viennet, plus tard membre de l’Académie Française, qui fut longtemps officier d’artillerie à Lorient et l(ami particulier de Briote : mais ce ne sont là que des conjonctures.
J’invite les Lorientais qui liront le poème à se livrer à quelques recherches sur cette piste. Il serait intéressant de connaître exactement l’auteur de cet opuscule, non pour inscrire un nom de poète de plus sur la liste de ceux que l’on recueille pour l’Anthologie Bretonne, car les vers sont de fort médiocre facture, mais pour donner plus d’autorité aux détails historiques et biographiques qu’on y rencontre à chaque pas. Il n’est pas indifférent de savoir qui a pu accuser Corroler d’avoir répondu à Carrier pour avoir la recette des bateaux soupape, Parmentier d’avoir été maudit par son père pour des horreurs dans le grand genre, Henry de la Blanchetais d’avoir, sous le nom de Brutus, indiqué à Lacroix les victimes à sacrifier, et Cambry…
Mais qu’on lise le récit de tous ces hauts faits et l’on voudra en rechercher le narrateur.
Locpéran de Kerriver
Imprimerie Lorientaise – Cathrine & Guyomar – Editeur – Rue du Port – 1887- 82 pp.
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