Qui était François-Xavier ?
Compagnon de chambre d’Ignace de Loyola dans un galetas de Paris, vers 1535, François de Xavier se prépare à devenir professeur de philosophie, Maître es art, comme on disait alors. Un jour, il cause avec l’ancien blessé de Pampelune, Ignace, devenu étudiant en vue de s’initier aux sciences sacrées avant de fonder l’Institut qu’il projette. Xavier entend celui-ci admirer certes ces beaux projets de futur sorbonniste, mais ajouter une sourdine : « Tu ne crois pas, Xavier, que tu pourrais faire mieux encore ? »
L’étudiant d’abord récalcitrant, puis, après avoir fait les exercices spirituels, décide de s’enroler au service de Notre-Seigneur. Sa formation terminée, il s’embarque à Lisbonne, gagne Goa, évangélise toute la bordure de l’Hindoustan, se rend à Singapour, obtient, non sans peine, de marchands portugais une place sur leur bateau pour monter vers le nord, débarque au Japon, des feuilles de fatigue à force de prêcher et de baptiser, rêve de descendre en Chine et se voit arrêter dans une petite ville en face de l’immense empire.
Il n’a que 42 ans ; Sancian est le terme de ses randonnées ; brûler la fièvre, il meurt, épuisé, sous une hutte dressée près du rivage d’où il peut apercevoir les continents rêvés et pour jamais interdit à ses ambitions d’apôtre.
Ce sont les agonies qui sauvent le monde. Xavier peut disparaître. Ses successeurs reconnaissent maintenant le chemin, et bénéficieront des mérites conquis par la charité consentante de l’héroïque pionnier. Un de nos ambassadeurs au Japon, le poète Paul Claudel contemplant dans sa prière Xavier sur sa grève d’infortune, nous le montre :
Il a fait ce qu’on lui avait dit de faire, non. Tout, mais ce qu’il a pu.
Et c’est vrai que la Chine est là et qu’il n’est pas dedans ;
mais puisqu’il ne peut pas y entrer, il meurt devant.
Et tranquille comme un soldat, les pieds joints et le corps droit,
Ferme austèrement les yeux et se couvre du signe de la croix.
François-Xavier a mérité, par ses randonnées héroïques, d’être appelé le patron des missions lointaines.
Apostolat de la prière – 1954