L’histoire illustrée de Jeanne d’Arc, la grande française, la victorieuse de l’anglaise, la libératrice du pays, que nous publions, n’a rien de commun avec les écrits des auteurs qui, consciemment ou inconsciemment, prennent à tâche de fausser nos annales, pour la plus grande joie et le plus grand profit des ennemis de la France.
Cette histoire, nous l’offrons à tous ceux qui aiment la France et qui, parce qu’ils aiment, voudraient la faire aimer. Nous l’offrons également aux esprits élevés qui appelaient de leurs voeux une vie de la Pucelle vraiment populaire, c’est-à-dire écrite d’après les sources, sans parti pris, à la lumière d’une érudition sans fard et d’une critique à laquelle aucun problème important n’a échappé.
Telle est, si nous ne nous abusons pas, la présente histoire. Elle a pour elle l’extrême modicité du prix, la commodité du format, le caractère artistique de l’illustration, l’intérêt d’un récit qui tient constamment le lecteur en haleine.
En outre, elle offre, comme oeuvre historique et littéraire, toutes les garanties de savoir, de talent, d’exactitude désirables. L’auteur, M. Dunand, ne l’a écrite qu’après une préparation de dix années, et la composition de cinq volumes sur Jeanne d’Arc, auxquels l’Académie française décernait, à l’unanimité, en novembre 1904, un de ses prix les plus enviés : “Prix réservé, de par l’intention du fondateur, aux ouvrages de littérature ou d’histoire qui paraîtront les plus propres à honorer la France.
Au temps de la Pucelle, il y avait, parmi les sujets du Dauphin, ceux que les chroniqueurs appellent les “faux Français”, et les “loyaux Français” : les premiers prêts à vendre le pays à l’étranger, les seconds prêts à le défendre au prix de leur sang. En écrivant cette histoire, l’auteur a voulu faire acte de “bon et loyal Français”.
Jusqu’à la publication du texte des deux Procès de Jeanne d’Arc par Jules Quicherat, au nom de la Société de l’Histoire de france, on opposait à l’histoire authentique de la Pucelle une histoire faussée en plusieurs points essentiels, une légende mensongère. Cette légende, d’inspiration anglaise avait pour auteur le bourreau même de Jeanne d’Arc, Pierre Cauchon, et pour but d’égarer l’opinion sur l’écrasante responsabilité de l’Angleterre dans le drame du procès de Rouen.
Aujourd’hui cette légende a vécu. Il ne reste que la plus belle, éprouvée par la critique la plus rigoureuse, fondée sur des documents de premier ordre, attestée dans les plus menus détails par cent vint-cinq témoins contemporains de l’héroïne qui, amis et ennemis, ont déposé sous la foi du serment ce qu’ils avaient vu et entendu.
Aussi, des hommes de talent, l’honneur du pays et de l’Université, ont-ils raconté cette histoire unique avec admiration et amour. A la suite de ces maîtres (Michelet, Henri Martin, Siméon Luce, Henri Wallon, Coville, Petit-Dutaillis, Ernest Lavisse, Alfred Rambaud, Ayrolles, Marius Sépet, etc.) l’auteur du présent ouvrage, M. Dunand, s’aidant des travaux les plus récents, a su éclaircir certains points restés dans l’ombre et peindre la physionomie de l’héroïne sous un jour aussi exact et lumineux que possible. Au lecteur d’apprécier s’il doit préférer à ces portraits sublimes, tracés par des historiens de grande autorité, la légende menteuse propagée par les disciples du trop fameux Pierre Cuachon, Français traître à son pays, juge vendu aux ennemis de la France.
P. Lethielleux – 1905