Ceux qui liront ce livre, après avoir lu celui que nous avons écrit en deux tomes, sous le titre : la Sainte de la Patrie, ou vice versa, trouveront entre les deux d’évidentes analogies. Il n’en pouvait être autrement. Les sources auxquels nous avons puisé sont les mêmes : ce sont la vaste compilation de Quicherat et les documents qu’a pu y ajouter grâce à un labeur considérable, le père Ayrolles.
Cependant, le point de vue auquel nous nous sommes placés, en écrivant Sainte Jeanne d’Arc, et plus nettement hagiographique. C’est pourquoi nous avons beaucoup moins assisté, par exemple, sous les temps apparus la sainte, les monnaies diplomatiques du duc de Bourgogne, lequel caractère anarchique de l’université de Paris sous Charles VI et Charles VII commençant, etc.
Nous ne dirons pas que ces volumes assez divers d’aperçus, nous aient couté vingt-cinq années de travail. Nous n’avons commencé à les écrire qu’à la faim de 1914 pour nous confirmer, avouons-le, dans l’espoir que le pays, malgré ses mauvais jours d’alors, ne périrait pas ; et que le Dieu qui avait eu ses raisons de le tirer de la vie au XVe siècle, sauraient et voudraient, sous une forme ou sous une autre, renouvelle miracle Sauveur au XXe siècle.
Mais nous pouvons affirmer que la sainte de la patrie et Sainte Jeanne d’Arc sont l’aboutissement d’un travail de 25 années. Pendant ce quart de siècle qu’a déjà duré notre épiscopat, soit par obéissance aux ordres des trois pontifes qui nous ont successivement chargé d’instruire la cause canonique de Jeanne d’Arc : Léon XIII, Pie X, Benoît XV, soit par zèle d’une étude passionnée, ne s’est guère écoulé deux jours n’ayant réfléchi, même écrit, sur la sort si étrangement unique de cette prédestinée.
Nous avons retiré, de cette longue fréquentation, l’absolue certitude que Jeanne est la plus admirable des femmes produites par la France, est l’une des salles les plus originales qui aient honoré l’Eglise.
Nous nous sommes efforcés sans relâche de répondre, par la parole principalement, cette double conviction, non seulement dans les provinces françaises, mais nombre d’autres pays de la catholicité. Nous estimions rendre ainsi les plus utiles services à deux causes qui nous sont également chères, celle de la patrie et celle de l’Eglise ; les deux avaient tout à gagner à ce qu’une connaissance exacte de Jeanne se répandit…
Paris – Lethillieux – 1920