Préface du Bachaga Boualam
Tout a été sali !
Emis par le Père de Laparre au terme de son “Journal” sio vrai et implacable dans sa froideur objective, ce jugement est mien depuis longtemps.
On a beaucoup dit de l’Algérie qu’elle pesait lourdement sur les finances de la France. Or, l’anné 1963 que l’on avait annoncée comme devant être l’année du redressement scoial de la France a, au contraire, été marquée par des revendications nombreuses et plus virulentes que jamais, émanant de mineurs, d’agriculteurs ou de fonctionnaires.
Les Français d’Algérie ont été accusés d’être des colonialistes. Mais maintenant que l’indépendance existe de l’autre côté de la Méditerranée, ce payx qui devait être un Eldorado et dont les habitants devaient parvenir au bonheur complet, connaît la misère la plus affreuse. D’après les échos qui nous parviennent de là-bas et les gens qui en arrivent, le chaos, le chômage et l’insécurité se sont installés en maîtres depuis l’exode de la partie la plus active de la population.
Pour avoir voulu faire honneur à la parole donnée, beaucoup sont actuellement en prison, tandis que d’autres sont devenus des “soldats perdus”. Cette armée tant décriée et tant humiliée avait pourtant non seulement assuré la sécurité de nos villes et de nos campagnes, mais aussi de nos enfants. Elle avait fait ce qu’aucun gouvernement n’avait jamais tenté : essayer de comprendre et de nous aimer. C’est de cela que nous avions besoin et l’armée l’avait très bien compris. Pourtant il s’est trouvé en France une certaine presse et même des autorités parmi les plus hautes, qui alors qu’on était en droit d’attendre d’elles compréhension et mansuétude, n’ont pas craint de déformer sciemment la vérité…
Bouchaga Boualam
Editions du Fuseau – 1964