Ma vie depuis mon enfance jusqu’au lendemain de ma traversée.
Lorsque Jeanne d’Arc courrona son Roi à Reim, elle devint immortelle. Lorsque La Fayette risqua tout ce qu’il possédait pour aider les Américains dans leur lutte, il inscrivit son nom à jamais sur un vaste continent. Le petit berger David, en cinq minutes, avec sa fronde, se fit une place dans l’histoire pour toujours. Ces trois noms éclatants représentent le triomphe de la jeunesse et de l’idéalisme ; et nous ne parlerons pas d’eux avec tant de respect aujourd’hui, si leurs motifs avaient été moins purs ou s’ils avaient un instant pensé à eux-mêmes ou à leur place dans l’histoire. Il en fut ainsi de Lindbergh ; et tous les éloges qu’on lui accordés, au jugement sévère de l’histoire, il les a mérités. Il fut l’instrument d’un grand idéal, et il n’est pas besoin de fanatisme religieux pour voir dans son succès la main de la Providence.
Car cet homme était nécessaire ; et lorsqu’il vint, ce fut à un moment qui semblait exactement choisi d’avance.
La France avait besoin de lui, l’Amérique avait besoin de lui ; et son arrivée avait été simplement le triomphe d’une grande aventure, l’influence de son acte n’aurait pas été plus loin que n’ont été d’autres grandes entreprises sportives et commerciales.
Il y aeu des moments en France où tout ce que mon oeil pouvait voir ou mon intelligence comprendre semblait sombre et de mauvaise augure ; et cependant, malgré tout, mon âme réchauffée par quelque soleil invisible. A de tels moments, alors que tous les efforts humains avaient apparement échoué, tout à coup, les affaires des nations semblaient être enlevées aux mains des hommes et dirigées d’en haut par une puissance invisible.
Juste avant la bataille de la Marne, je me trouvais sur les quais. La grande lune des moissons se levait sur la ville, auprès de Notre-Dame…
Flammarion – 1927
Etat d’usage