Le monde est livré au bulldozer du capitalisme financier et de son idéologie, l’ultralibéralisme, qui saccagent les sociétés humaines comme une mécanique aveugle.
La politique n’y résiste pas : les dirigeants capitulent (quoi qu’ils en disent). La droite et la gauche confondue. On démonte la république. À l’extérieur en fabrique une fausse Europe aux ordres des marchés (et on lui sacrifie notre souveraineté). À l’intérieur on nous fabrique une fausse démo Tracy confisquée par les “experts” (et on pousse le peuple à ne se soucier de rien).
La société n’y résiste pas non plus. Panne de la famille, panne de l’école, panne de la “citoyenneté”, panne de la conscience nationale ; toutes nos panne fin-de-siècle sont provoquées ou aggravés par la société de marché, et par son attitude (” après moi le déluge”) qui rend la vie absurde.
Citoyen ordinaire parlant à tous les citoyens ordinaires, je pose la question : faut-il accepter ce qui se passe ? Le peuple de droite (dont je suis issu) ne peut pas croire que l’économique suffit à tout. Le peuple de gauche ne peut pas croire que les discours officiels – qui cachent une démission – suffisent à répondre aux brutalités du marché mondial.
C’est ce qui donne envie de faire la révolution : la France et l’Europe sont dans un engrenage dont il faut sortir ; sans insurrection de notre part, ce monde sera invivable ; il faut retrouver la liberté d’agir, retrouver l’arme du politique, bousculer ceux qui barrent notre avenir – et rouvrir les portes de l’histoire.
Patrice de Plunkett
Patrice de Plunkett est un français de famille “européenne” (d’origine anglo-irlandaise). Il a participé en 1978 à la fondation du Figaro-Magazine dont il a été rédacteur en chef culturel, puis directeur de la rédaction jusqu’en 1997. Il a publié La culture en veston rose (La table ronde, 1982).
Plon – 1998