Après plus de neuf cents ans d’existence, l’hospice du Grand-Saint-Bernard suscite aujourd’hui encore un profond intérêt et l’on comprend quie son fondateur, le “héros des Alpes”, ait tenté à maintes reprises la plume des écrivains.
Monsieur le chanoine Marcel Michel nous présente à son tour une nouvelle vie de saint Bernard de Menthon.
Il faut reconnaître qu’un travail de ce genre met son auteur aux prises avec de sérieuses difficultés. Les sources authentiques dont il dispose sont très restreintes et, de plus, elles baignent dans la légende. Le merveilleux, même en hagiographie, ne trouve point grâce aux yeux de la critique moderne. Dès lors, faut-il sacrifier la légende à l’histoire, ou la l’histoire à la légende ? Une biographie squelettique, savamment dosée et reposant sur des documents historiques certains, donnerait peut-être satisfaction aux érudits et aux spécialistes, mais ne trouverait pas d’écho auprès des fidèles qu’elle veut atteindre. Que faire alors ?
Notre auteur échappe à ce dilemme d’une manière fort élégante et judicieuse en conciliant avec habileté les deux termes de la proposition. Pour nous présenter un saint Bernard bien vivant, il le place dans son cadre naturel, au milieu du XIe siècle. Ainsi le bienheureux nous apparaît sous son vrai jour : un héros de la sainteté à l’écoute des besoins de son temps, un mystique au service de ses contemporains.
Jeune homme au coeur ardent et généreux, Bernard quitte le manoir familial, sans dire adieu à ses parents, sans prévenir sa fiancé. Il s’engage dans la montagne, traverses les cols et parvient à Aoste, où il trouve le repos en s’enrôlant dans les rangs du clergé de l’église cathédrale. Le silence du cloître et le recueillement de la prière élèvent son âme dans les voies de la perfection ; il se prépare ainsi à remplir la mission que la Providence lui réserve…
(Début de la Préface de Monseigneur Nestor Adam, évêque de Sion)
Editions du Grand-Saint-Bernard – 1961