Superpuissances et déclin national
À l’heure où, partout dans le monde, les identités nationales se multiplient et s’affirment, l’Europe occidentale emprunte le chemin inverse, celui de la fusion communautaire, voire de la mondialisation. Mais cette mondialisation, dévastatrice pour la culture et l’économie des petits et moyens Etats, laisse le champ libre aux superpuissances, plus attaché que jamais à l’exercice de leur pleine souveraineté.
Unique superpuissance mondiale, les États-Unis s’offrent à gérer la planète au mieux de ses intérêts – lorsque ceci coïncident avec les leurs ! L’Allemagne, superpuissance continentale à l’éternelle vocation d’empire, s’efforce de transformer l’Europe, expression géographique, en une entité politique dont elle conduirait les destinées. Aux autres Etats fragmentés en régions, ne restera bientôt plus que la gestion des affaires quotidiennes ; à l’Allemagne, l’action politique.
Tandis que la France, allant d’abandon en renoncement, sacrifice des anciennes sphères d’influence afin de suivre la politique européenne de l’Allemagne, celle-ci cherche ses appuis outre-Atlantique, préférant perpétuer un pacte suranné, l’OTAN, plutôt que de s’investir dans une politique de défense commune. Faute d’un engagement sincère en faveur de l’avenir du continent, l’effacement des volontés nationales jadis agissantes n’a pas doté l’Europe de la force que procure l’union. Paralysé par une politique incohérente et velléitaire, l’Europe reste comme anesthésiée face au drame de cette fin de siècle, se contentant d’un rôle de commensal.
Dans cette amère chronique d’un jeu de dupes, le général Gallois passe en revue les raisons historiques du déclin de la France et du succès actuel de l’Allemagne, vu à la fois du point de vue des nations et des équilibres planétaires. Avec une science inégalable et sans complaisance aucune, le fondateur de la géopolitique française nous livre encore un essai magistral sur l’état du monde au tournant du siècle.
L’Ages d’Homme – 1999